Assurance habitation : un marché marqué par des hausses
Focus sur le marché de l’assurance habitation
Comme la plupart des marchés assurantiels, celui de l’assurance habitation enregistre des hausses tarifaires depuis plusieurs années, notamment du fait d’une sinistralité plus élevée. Dans le même temps, les opérateurs historiques cherchent à limiter l’impact de la concurrence grandissante des bancassurances, ainsi que les effets de la loi Hamon sur la consommation, qui commencent à se faire sentir avec une augmentation sensible du nombre de résiliations et de changements de contrats.
Bilan de l’année 2016 en matière d’assurance habitation
En 2016, le coût moyen d’une assurance habitation en France s’est élevé à 288 euros, avec des disparités élevées en fonction des régions et des départements. On constatait ainsi des prix moyens autour de 243 euros en Bretagne et 253 euros dans les Pays de la Loire, du côté des plus bas ; et entre 302 et 309 euros pour les tarifs les plus hauts, respectivement en Île-de-France et en région PACA, avec un plafond situé à 576 euros en Corse !
Au niveau des départements, des écarts encore plus importants se sont fait sentir, entre 227 euros en Ille-et-Vilaine et 615 euros en Haute-Corse. Les différences de prix entre les villes sont toutefois moins évidentes, Rennes étant la plus avantageuse en matière d’assurance habitation (autour de 190 euros), et Paris, Nice et Marseille étant les trois seules communes à franchir le seuil des 300 euros. Les villes moyennes, elles, affichent des tarifs situés aux alentours de 250 euros (Grenoble, Saint-Étienne, Villeurbanne, Toulouse, etc.).
On note également des contrastes marqués entre les coûts de cette assurance pour les maisons et les appartements (345 euros contre 240 euros), ainsi que pour les propriétaires et les locataires (plus de 120 euros d’écart, de 233 euros à 354 euros). Bien sûr, il faut prendre en considération l’hétérogénéité des surfaces concernées ainsi que les obligations plus importantes auxquelles font face les propriétaires en matière de protection. Et ne pas oublier que les tarifs de l’assurance habitation sont également fonction de l’organisme, les pratiqués pouvant varier du tout au tout.
Hausse des prix en 2017 en raison d’une forte sinistralité
Dans ce contexte, le marché de l’assurance habitation est celui qui devrait connaître cette année la hausse la plus importante. Selon le cabinet Fast & Figures, cette augmentation se situerait autour de 2,50 % (étude citée dans cet article). Un pourcentage qui englobe les disparités parfois considérables qui existent entre les régions, les communes et les types de biens. Toutefois, il faut noter que la progression estimée reste inférieure à celle de l’année passée (+ 2,65 %), et surtout en comparaison avec 2015 (+ 3,05 %).
Quant aux causes, elles sont à chercher du côté de la multiplication des catastrophes naturelles et l’augmentation des indemnisations. Au cours des trois premiers trimestres de 2016, le volume de sinistres découlant d’événements climatiques (tempêtes sur la côte bretonne, importantes chutes de neige et de grêle dans une grande partie du pays, inondations en région parisienne…) a enregistré une hausse notable de 25 %. La gravité des dégâts constatés et les montants versés au titre de l’indemnisation ont augmenté en proportion : la Fédération française de l’assurance a ainsi évoqué un coût total estimé de 23 milliards d’euros, soit 27 % de plus que l’année précédente (1,8 milliard d’euros).
Ceci explique la volonté des organismes de faire grimper leurs prix d’assurance habitation – une tendance qu’on imagine mal s’inverser dans les années à venir.
Les jeux de la résiliation et de la concurrence
Autre constat : la loi Hamon sur la consommation, entrée en application au 1er janvier 2015, commence à produire ses effets. Elle octroie le droit à tout assuré de résilier son contrat d’assurance habitation (mais aussi auto, santé et emprunteur) après un an d’engagement, et cela sans pénalités, ni frais, ni délai de préavis. Ce dispositif offre ainsi aux propriétaires et aux locataires une meilleure marge de manœuvre quant au choix de leur protection logement, notamment en leur permettant de faire jouer la concurrence.
Après un départ timide (seulement 15 % de résiliations au global entre 2014 et 2016), l’année 2017 semble s’accompagner d’une volonté accrue des assurés de reprendre les choses en main. Ainsi, on constate une hausse de près de 30 % des changements de contrats assurantiels (tous types confondus) en janvier 2017, par rapport au même mois l’année précédente.
Même si l’on manque de chiffres précis en ce qui concerne la sphère spécifique de l’assurance habitation, l’enquête annuelle de l’Argus de l’assurance (à lire ici) avance un nombre étonnamment élevé de 400 000 résiliations dues aux changements induits par la loi Hamon. Et principalement au profit des bancassureurs et des établissements en ligne, un constat qui bouscule les positions des compagnies traditionnelles.
Un changement profond est donc en train de se faire jour dans le monde de l’assurance habitation. Sans doute faut-il y voir un lien avec les hausses tarifaires continues que ce secteur enregistre depuis plusieurs années !